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 De leur amour je fus damnée...

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Blyss
Bonnie
Blyss


Nombre de messages : 306
Date d'inscription : 16/11/2005

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MessageSujet: De leur amour je fus damnée...   De leur amour je fus damnée... EmptyVen 23 Déc à 8:03

"Blyss, ce nom sonnera comme une caresse", se plaisait à dire ma mère alors qu'elle me portait dans ses entrailles. Elle mourut peu de temps après avoir pu m'accueillir dans ses bras, d'avoir trop aimé. Quant à moi, je mourrai probablement de n'avoir pas assez aimé.

En l'absence d'un père que la communauté pût accepter, ce fut la communauté elle-même qui se chargea de mon éducation, tout comme elle s'était chargée du sort funeste de mes parents. Et c'est Aydan, le dépositaire des rites, qui prit à bras le coeur ce lourd fardeau supplémentaire.

Quand la sentence s'abattit comme un couperet sur ma nuque, je ne pus rien faire d'autre que de rire à pleine dents. Rire pour ne pas crier ma haine. Rire pour célébrer l'ironie d'une telle décision. Rire pour les conforter dans l'image qu'ils avaient eu de moi. Rire pour ne pas les laisser sourire. Rire car je ne pouvais écrire ma douleur.
Je lisai la peine sur leur visage à ces vieux, mais surtout sur les traits doux et purs de mon Aydan. Je savais que plus que tout il s'était battu mais pour seule récompense de tous ses précieux efforts, il fut destitué de ses fonctions et il reçut en pleine face mes rires dénués de raison. Une bourrasque de fin du monde n'eût pu égaler le magistral revers que je lui infligeais.

Son seul tort résidait dans sa faiblesse lui avait-on fait comprendre et c'est ce que je retins pour toute ma vie future.

Bannie, quelle triste ironie. Ils osaient enfin mettre un nom, à visage découvert, sur tout ce qu'ils m'avaient fait subir.

J'avais très vite appris à dissimuler mes oreilles sous-dimensionnées en comparaison de celles de mes camarades, objet de leur fierté, sous des tresses de fortune. J'insistais pour qu'Aydan me les fasse, si maladroitement que ce fut. Depuis je refais ces gestes seule, comme un rituel méthodique, afin de reproduire cette coiffe aimante. Chacun de mes traits, mes oreilles, mon nez pas assez mutin, ou ma vision nocturne moins acérée que la leur, tout cela claquait comme une insulte à leurs yeux.

De ma mère je n'avais hérité que de mon nom, cette damnée caresse assassine, de cet amour qu'on ne cessait de me voler, et de sa voix d'une douceur incomparable. J'appris très vite aussi à m'en servir pour dire de la manière la plus nonchalante les pires horreurs, celles qu'on osait à peine murmurer. Tout ce qui me venait à l'esprit et qui pouvait aller se ficher directecment au but insidieusement.

Malgré la petite taille de mes oreilles, mon ouïe n'en était pas moins sourde aux mots chuchotés ici et là à mon sujet. Le pauvre Aydan, plaint par tous de devoir supporter pareille tâche, me transportait alors sur ses épaules pour m'élever au-dessus de ce monde et m'offrir un point de vue différent, l'air est plus frais là haut disait-il. Il avait raison.

Je regarde maintenant le monde d'en haut. Cela change tout.
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Blyss
Bonnie
Blyss


Nombre de messages : 306
Date d'inscription : 16/11/2005

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MessageSujet: Re: De leur amour je fus damnée...   De leur amour je fus damnée... EmptyVen 23 Déc à 8:04

"Tu reviendras lorsque tu auras enfin compris. Blyss sache que nous t'aimons, tu le sais, Aydan le sait. Tu n'as manqué de rien, mais tu ne peux rester plus longtemps parmi nous après ça. Cela va à l'encontre de nos règles, nous ne pouvons tolérer de tels actes, comprends la menace que cela représente pour notre communauté. Cette exclusion, remercies-en d'ailleurs ton gardien, n'est pas définitive comme elle aurait dû l'être, prends cela comme une épreuve et reviens-nous meilleure et surtout plus humble."

Toutes ces paroles étaient prononcées en elfe ancien par le représentant des aïeux de la communauté. Il semblait sortir ces paroles dans la douleur, toute cette comédie, tout ce joli monde dépêché exprès pour moi et ils pensaient ainsi m'enseigner l'humilité.

" J'espère qu'à mon retour, vous serez encore là pour m'accueillir comme il se doit."

Ces mots s'échappèrent de mes lèvres comme un murmure mais furent amplifiés par la noirceur de mon regard et la cruauté de mon sourire.

Je les regardai un à un après cette annonce. Ils s'étaient tous raidis, l'effet était inespéré. L'écho de ce murmure venait leur caresser doucement l'échine, je savourai ce moment d'adieu.

Puis je m'attardai sur Aydan et son beau visage contrit. J'ai senti mes larmes venir brûler mes yeux, j'aurais voulu tous les égorger de nous infliger ça. Je frémis de cette rage que l'on contient, de cette frustation dont j'étais si coutumière. Je ne pouvais lui dire, lui montrer, lui parler à coeur ouvert, ils étaient présents, encore et toujours. Alors je me retins et balayai toute mièvrerie de ma manière d'être. Je ravalai mes sanglots au fond de ma poitrine et j'eus un sourire, juste pour lui, sourire maladroit que je voulais rassurant et tendre, à son image.

Je me remémorai une dernière fois ces instants heureux, par trop lacunaires. Je craignais qu'il ne touchent à mon dernier sanctuaire, de la même manière qu'ils avaient effacé toute trace de l'existence de ce village de la mémoire de mon père, toute trace incluant le souvenir de ma mère. Alors je ravivais ces moments où Aydan m'entourait de ses bras doux et forts et me contai des histoires pour m'endormir.

Ah mon cher Aydan, elles avaient raison ces vipères au visage bienveillant, tu as été maudit le jour où tu as fait cette promesse, le jour où tu as imposé cette décision. Comme tu devais l'aimer ma mère pour vouloir préserver au prix de ta grandeur tout ce qu'il te restait d'elle.
Je m'avançai alors vers lui pour lui chuchoter ces derniers mots dans l'espoir qu'il comprenne un jour les miasmes de mon âme et de mon coeur, mais surtout qu'il sache quel père il avait été pour moi.

"Je n'oublierai jamais. Tout. Toutes ces histoires que tu me contais alors que je m'endormais au creux de tes bras. Ces fables merveilleuses d'aventures hors du commun, hors du temps. Tu ne savais pas alors que je ne rêvais pas à ces récits. Non. Je les craignais. Je n'arrivais pas à admirer ces héros trop parfaits, je ne me reconnaissais que dans ceux qui étaient châtiés, ceux que l'on mangeait à la fin, ou que l'on rouait de coups. Cela n'explique pas tous mes actes, mais au moins tu sais que tu n'es pas fautif. Je garderai ton visage gravé au coin de mes yeux comme celui d'un père qui n'aura jamais cessé d'être."

Je posai mes mains sur sa joue et approchai mon visage du sien et au grand dam de tous, je lui déposai un baiser sur les lèvres. Une rumeur d'effroi monta dans la foule, mais je savais que dorénavant il ne risquait plus rien.

Je voulus hurler mais la force ne me vint pas pour pousser ma voix, alors je me contentai de dire de ma voix chuchotante.

"Non, je n'oublierai jamais ce que tous vous avez fait."

Puis je déposai mes armes, prête à affronter mon avenir, tout en les maudissant intérieurement de m'avoir enchaînée à la damnation, avant même que je ne fus de ce monde. J'étais si jeune et désenchantée déjà, et je partais, à un âge où on ne pense encore qu'à s'amuser, me faire les dents vers un ailleurs inconnu.
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