[Twärvalyen] Et ils se mirent en route vers...

Citation :

Ezekiel

Nous avançons dans un nuage de brume et de vapeur. Ce gardien… Ils nous a laissé entrer, sans un mot, sans objection… Quelque chose cloche mais quoi… J’ouvre grand les yeux en fixant les volutes de fumée qui s’échappent du sol, hallucination ou réalité… Elles me parlent… Des bouches de vapeurs se dessinent dans les colonnes vaporeuses et me murmurent des noms à l’oreille… Leurs lèvres s’entrouvrent, libérant d’étranges bulles de fumée blanchâtre qui viennent s’écraser sur mon oreille… * Ces noms, des lieux, des personnes… Je n’en ai pas la moindre idée mais ils me semblent familiers… * Mon esprit se perd dans ce monde… Ce monde dans lequel je suis déjà venu… J’essaies tant bien que mal de garder la cadence de notre marche vers… * Vers quoi d’ailleurs ? Que faisons nous ici ? Pourquoi sommes nous irrémédiablement attirés ? * .

Un frôlement, une présence. Je détourne le regard vers Blyss mais elle ne bronche pas et continue à avancer. Mon esprit me joue des tours… Le pendentif aussi semble perturbé, le métal se glace, gelant ma peau, laissant apparaître des crevasses d’où le sang ne parvient même pas à perler… Quelques pas de plus et c’est la morsure du feu qui me rappelle sa présence. Les plaies se sont refermées, remplacées à une vitesse vertigineuse par des cloques, je sens mon sang bouillir dans mes veines, mon cerveau va exploser… Un nouveau regard vers ma partenaire mais… Ses doigts, je sens sa main. Impassible, elle avance, encore et encore, semblant ignorer du mal qui me ronge soudain…

* Ma main… * Le contact de Blyss semble protéger ma main de ce feu qui me consume.. Je ne comprends pas, je ne comprends plus… * Blyss qu’as tu fais ? * . Une douleur sourde s’empare de mon crâne et me fait perdre pied. Mes doigts glissent de sa main et je tombe à genoux, enserrant de mes mains consumées cette tête qui me fait soudain tant souffrir que j’aimerais que mes doigts puissent pénétrer à l’intérieur pour en extraire la douleur… Le regard perdu, je redresse la tête, cherchant des yeux cette présence que je perçois toujours…

Citation :

Kohörd

"Que croyais-tu, Ezekiel ?"

Une brise fraiche, sifflante, venait de se lever, levant le voile de fumée blanche et dégageant legèrement les brumes environnantes.

"Le pendentif que tu portes...te permets de franchir bien des obstacles..mais pas tous..."

Mon pas lourd martèle un sol glacial, translucide et vaporeux.
Je m'approche de l'elfe, à genoux dans la douleur, puis je m'arrete devant lui. Les reflets de mon armure le baigne presque totalement dans une faible lueur rouge.

"...Tu l'as emmené, elle...

Je dirige mon visage, protégé par mon épaisse capuche, vers Blyss. De mes yeux sortent une vapeur blanche et fluide, trahison de ma colère.

"...Et par conséquent, tu vas devoir arpenter le chemin des Ombres.
Tu aurais pu l'éviter, grâce au pouvoir du Treizième."

Je recule de quelques pas, replongeant Ezekiel dans le noir, et je me mets face à eux. Je les observe, je les jauge... Lui a le pouvoir de franchir le Seuil sans mon accord, et sa compagne le pouvoir de lui faire gravir les montagnes les plus hautes...
Je dirige mon regard vers le porteur du Treizième.

"Ces visages que tu vois, Ezekiel...Ils te sont propre, ils sont l'ombre de ton passé, des secrets que tu refoules, des peurs que tu caches...Tu as choisi de les affronter, car tu n'es pas venu seul.
Tu es né pour souffrir, et meme quand tu as le pouvoir d'éviter la torture, tu trouves un nouveau fardeau !
Pourquoi fais-tu cela ? Pour qui ? Qu'espères-tu donc tant ?"

Mes mains se crispent sur le manche de mon marteau, je sers les dents, j'enfouis un peu plus mon visage dans l'obscurité, tandis que mes yeux émettent continuellement cette vapeur blanche, maintenant mes mots aussi sont accompagnés de cette fumée qui s'echappe de ma bouche.

"Et toi, Blyss ? Que fais-tu ici ? Cela te plait tant que ca, de le voir souffrir ? Est-ce la ton désir, achever un homme déja accablé par sa vie ?
Regarde-le ! regarde sa souffrance, elle est palpable, et tu en es responsable !

J'esquisse un dernier sourire de satisfaction, découvrant une partie de mes dents. Je releve legèrement la tête, et je les regarde tout les deux.

"Soyez surs en tout cas, que le spectacle m'est grandement satisfaisant..."

Sa cadence ralentit…

que se passe-t-il ? Ezekiel ? Sa main…

Il est à genou. Bon sang… A peine ai-je le temps de m’agenouiller à ses côtés qu’un pas lourd et massif se manifeste, une aura rougeoyante inonde soudain son visage, je relève la tête. Enfin… tu te montres… intéressant…
Il se tient maintenant devant lui, je sais qu’il ne lui fera rien, pourtant je me rapproche un peu plus. Ma main effleure la joue de mon compagnon puis vient lui enserrer l’épaule pour lui intimer l’ordre de tenir bon. Il nous provoque à tour de rôle, je le laisse déverser ses flots de brume, je les laisse venir nous caresser de leur fiel. Pendant ce temps, je saisis le visage d’Ezekiel entre mes mains, son visage grimaçant, perdu. pourquoi… sa peau…que s’est-il passé…je n’ai rien vu…est-ce le gardien ?...le pendentif…
Je plonge mon regard dans ses yeux, ils fixent la silhouette imposante, je cherche à capter son attention et lui murmure « Résiste ! ». De mes mains surgit une lueur bleutée, j’ignore si l’effet sera tellement bénéfique, mais au moins cela devrait l’apaiser.

« Regarde-le ! regarde sa souffrance, elle est palpable, et tu en es responsable ! »
"Soyez surs en tout cas, que le spectacle m'est grandement satisfaisant..."

Ma mâchoire se crispe, mes yeux se plissent, un léger sourire prend place sur mon visage. Je me redresse, abandonne Ezekiel à sa douleur, et lentement m’avance vers lui.
Il continue de nous défier de son regard brumeux, il s’amuse de nous voir ainsi, animé par cette assurance crâne de nous dominer dans ces lieux qui lui appartiennent. Ses paroles dédaigneuses, son air supérieur, sa colère, Ezekiel… je sens que je m’embrase…oui… je sens le feu m’envahir… il me nourrit… le froid qui règne n’existe plus pas plus que les ténèbres…

« Kohörd… » Tu t’es joué de mes amis…

« Tu ne crois pas si bien dire Kohörd… » Tu les as décimés…

« J’aime voir les gens souffrir et ce d’autant plus si je suis la responsable de cette souffrance…Kohörd ». J’ai ressenti leur douleur à cet instant précis…

« S’il ne supporte pas son mal, alors je me serais trompée sur lui, je ne te permets pas de le sous estimer, toi qui pense détenir toutes les réponses, quelle prétention ! Kohörd… ».Et maintenant tu te terres ici, engoncé dans la noirceur de ta capuche…

« Qui crois-tu déstabiliser avec ta psychologie de bohémienne ? Achever un homme déjà accablé par la vie… je vais verser une larme, Kohörd ».

« Mais et toi Kohörd ? Que fais-tu ici ? Tu viens nous accueillir ? N’as-tu pas mieux à faire ? Comme aller garder cette porte, gardien ? Vas-tu nous servir de guide sur ce chemin des Ombres comme tu l’appelles ? Vas-tu enfin oser découvrir ton visage ? As-tu peur qu’on puisse lire sur tes traits comme je lis dans tes paroles ? »

« Ta colère, oh oui ta colère Kohörd… je la savoure ! »

Citation :

Ezekiel

Le contact de ses mains sur mon visage apaise soudain le feu qui me consumait. D’un simple regard, elle a soufflé la flamme qui me dévorait… Mes poumons… l’air qui y pénètre m’arrache un râle, la douleur se dissipe, lentement… Ses mains me quittent et je la vois se retourner pour faire face à notre hôte… Je voudrais me relever mais je suis encore trop faible…

"Et toi, Blyss ? Que fais-tu ici ? Cela te plait tant que ca, de le voir souffrir ? Est-ce la ton désir, achever un homme déja accablé par sa vie ?
Regarde-le ! regarde sa souffrance, elle est palpable, et tu en es responsable ! "

Les mots de Kohord font plus de mal que ne pourrait le faire son marteau. La rage, cette colère qui m’est si familière… Je ne suis plus Ezekiel, mon corps ne m’appartient plus, je ne suis que l’incarnation de la colère… Je me redresse et fonce vers lui, les poings serrés.

« Tu te crois à l’abri derrière cette armure ? Cette mise en scène devrait nous faire peur ? Pauvre fou… Qui donc crois-tu impressionner ? »

Une lueur étrange… Le pendentif…

Un sourire carnassier se dessine sur mon visage… Les paroles de l’annonciateur se rappellent à mon souvenir… Je saisis le pendentif et le brandis devant son visage…

« Tu n’es qu’en pantin… Un épouvantail… Tu n’es qu’un pion… Agenouille-toi et retire tes paroles… »

Je me rapproche et me plante devant lui, je lève les yeux et cherche son regard…

« Ne t’adresse plus jamais à nous de cette manière, ne nous juge plus jamais… ou je te le ferai regretter… »

Citation :

Kohörd

Mon sourire malsain ne me quitte pas une seconde, tandis que je vois leur fierté mis à mal, tandis que leur colère grandit à chacune de mes paroles.
Ces deux êtres, créatures du Särwyen, portent en eux cette rage qui les a sauvé jusque là...

Mes mains sont toujours aggripés au manche de mon énorme marteau, que je dresse devant eux. Je reste immobile, tête baissée, et je ne les regarde pas, je les laisse absorber le poison de mes mots, j'attends leur réaction...

« ...Tu ne crois pas si bien dire Kohörd… »

« ...Tu n’es qu’un pantin... »

Ca y est...ils se relèvent, ils m'affrontent, repoussant les brumes qui enserrent leur coeurs. De concert, ils me vomissent leur langage Särwien, ils m'insultent, comme ils insulteraient ceux de leur monde...

«… je vais verser une larme, Kohörd... »

«...Agenouille-toi et retire tes paroles...»

Voila leur façon de combattre...faire plier l'ennemi, refouler leur propres faiblesses, leurs propres angoisses en la rejetant sur un exutoire, je suis leur exutoire désormais...Je reste immobile, une statue de métal rouge sang, face à eux...Qu'ils continuent, je me délecte de leurs paroles, J'exulte...

«...Ta colère Kohörd… je la savoure ! »

Et moi celle de ton compagnon, Blyss...elle me nourrit, je la fais mienne, je me l'accapare et la vole, j'en absorbe chaque parcelle, et en mon sein, je la detruis, je la brise, je l'anéantis et elle disparait, dans les limbes de mon être...

«....ne nous juge plus jamais… ou je te le ferai regretter…»

Je laisse échapper un rire tonitruant, dans une vague de fumée blanche et épaisse qui nourrit encore la brume environnante...Ma joie se repercute dans les ténèbres, encore et encore.
Puis je cesse d'exprimer ma victoire, laissant l'echo de la Nuit le faire à ma place.
Ma main gauche quitte mon marteau, tandis que mon autre main le saisit près du socle, et je laisse mon bras armé pendre sur mon flanc.

"Tu ne le peux pas, Ezekiel...Le sais-tu ? Tu ne peux rien contre moi, comme je ne peux rien contre toi.

Ezekiel...Cette douleur que tu ressents, ton crâne qui se fissure à chaque pensée...tes organes qui voudrait sortir de ton corps, à chaque battement de coeur...ton sang qui bouillonne, ce raz de marée dans tes veines...

Le pendentif...il se nourrit de ta colère, tout comme moi...Son pouvoir vient de là, car ta rage est grande, extraordinairement grande...
Tellement grande qu'elle a pu amener non pas une, mais deux personnes ici, sur le chemin des Ombres..."

Une forte bourrasque se lève, dispersant totalement le brouillard alentour, La fumée s'écarte et se diffuse pour disparaitre dans la nuit...
Il n'y a plus qu'un néant obscur désormais, sans lune ni étoiles, sans limites, à perte de vue, au dessus, en dessous...
Juste un chemin fait d'une vapeur blanche tressée, qui semble flotter dans la nuit, et sur lequel Blyss et Ezekiel se tiennent et m'affronte.

"Ta douleur peut s'attenuer, Ezekiel...Ton fardeau peut s'alléger..."

Je tourne mon visage en direction de Blyss, qui m'affronte crânement, prête à faire bouillir ses mains, qui n'attends qu'une chose, que je succombe par le feu de son pouvoir....Et je lui souris, un sourire sadique et dédaigneux, un sourire empli de haine...

"..Si tu nous offre Blyss, si tu la sacrifie, le pendentif te sera moins lourd, et tu pourras avancer encore sur le chemin des Ombres, et accéder au Twärvalyen...Et découvrir ce que toi seul peut découvrir..."

Je pointe du doigt le sommet du chemin vaporeux, leur direction opposé.

"Que dis-tu, Ezekiel ?"

Citation :

Ezekiel

* Je ne peux rien contre lui…Il ne peut rien contre moi… *Et s’il avait raison, et si nous nous neutralisions… Ce pendentif… Le doute s’installe quelques secondes dans mon esprit. J’aimerais affronter son regard, comprendre ce qu’il cache sous cette capuche, percer une bonne fois ce secret que je découvre peu à peu.

Son attitude a changé… Il semble presque calme… Il est dans son antre et une nouvelle fois chercher à nous impressionner… Je me dresse devant lui, provocateur, la main gauche posée sur la hanche tandis que j’attrape celle de Blyss de la droite…

* Ta douleur peut s'atténuer, Ezekiel...Ton fardeau peut s'alléger... * Ma douleur… mais il ne connaît rien de moi, encore moins de la colère qui m’habite, celle qui est devenue omniprésente dans ma vie, celle qui me tient en vie… Les raisons de son existence, je les connais mieux que quiconque… Lui ne sait rien…

* ...Si tu nous offres Blyss, si tu la sacrifies, le pendentif te sera moins lourd, et tu pourras avancer encore sur le chemin des Ombres, et accéder au Twärvalyen...Et découvrir ce que toi seul peut découvrir... * Mes yeux se font sombres et fondent sur lui, je voudrais le tuer, lui arracher les yeux, maintenant…

« Vous offrir Blyss… Regarde moi Kohord et lis ma réponse… Pauvre guerrier dément… Un bouffon qui se prend pour un dieu.. Voilà ce que tu es à mes yeux… - Je crache ma haine sur lui comme il me crache son ignorance… - Elle te fait peur à ce point ? Elle vous fait peur à ce point ? Les terribles ombres qui sèment la mort sur les terres de Sarwyen craignent le courroux d’une sorcière… - Je lâche un éclat de rire… - Pitoyables… Couards… Voilà ce que vous êtes… L’ignorance est une seconde nature chez vous… Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de Blyss, tu ne sais rien de Nous ! ! ! Comment peux-tu croire que je la sacrifierai pour accéder à votre monde ? Jamais tu entends, jamais tu n’auras sa vie, pas plus que tu n’auras la mienne…Tu as besoin de sang, alors soit…»

Il faut que je sache, que je comprenne pourquoi il craint tant ma partenaire, et surtout pourquoi il ne tente rien contre moi… Est-ce pour le pendentif, ou est-ce pour moi… Ont-ils besoin de moi en pleine santé…Je décroche mon poignard de ma ceinture et entaille largement mon avant bras… Le sang s’échappe de la plaie et ruisselle jusqu’à mes doigts, mêlés à ceux de Blyss, joignant un peu plus nos deux destins…

« Tu voulais un sacrifice Kohord… Et bien considère que tu l’as eu… Considère cette plaie comme tel… c’est le seul que je te concèderai crois-moi… Tu as besoin de moi… tu as besoin de nous… C’est ainsi et tu n’y changera rien !»

Il exulte, sa colère est maîtrisée, mes sourcils se froncent alors qu’autour de nous l’atmosphère se met à changer. Tout s’épaissit, l’obscurité devient quasi-totale renforçant la présence du Gardien face à nous.

« Que dis-tu Ezekiel ? »

Sa réponse est immédiate, prévisible. Qu’attendait-il vraiment ? Il savait qu’Ezekiel ne me livrerait pas. Notre force, notre faiblesse tout tient en cela, nous le savons, tous nos ennemis le savent à présent.
Je le laisse affronter Kohord cherchant la faille dans ce colosse vers lequel je me dirige. Je commence à lever ma main en direction de l’abîme de sa capuche, quand Ezekiel vient la saisir.

« Les terribles ombres qui sèment la mort sur les terres de Sarwyen craignent le courroux d’une sorcière… »Ce n’est pas moi qu’ils craignent Ezekiel… non …

« Tu as besoin de sang, alors soit…».

Un liquide chaud et doux vient glisser le long de mes doigts, je regarde ma main, son sang rouge sombre s’écoule à vive allure et perce le noir environnant. Je ne vois plus que cette couleur, que la chaleur qui en émane. Mes mains voudraient s’embraser devant l’horreur à laquelle Ezekiel me soumet. Je le dévisage l’espace d’un instant et je comprends. Il est confiant, sa souffrance, il l’a mise de côté. Je soulève ma main encore liée à la sienne et la porte à hauteur de son visage, je lui livre mes veines gorgées de colère et lui adresse un hochement de tête. Puis je plonge mon regard dans la noirceur de la capuche de Kohörd.

« Sombre reître, c’est ton tempérament affaibli qui te pousse à de tels stratagèmes ? Comment oses-tu nous insulter de la sorte ? Pourquoi nous veux-tu ? Qu’as-tu à nous offrir pour nos vies ? Ce que tu renfermes sur ton visage ? Regrettes-tu ? Etais-tu une Ombre au départ ? Qui es-tu Kohörd ? »

Citation :

Ezekiel

Les yeux rivés sur l’amure flamboyante du gardien, je lève ma main armée et glisse lentement le tranchant de la lame sur le bras de Blyss. Les premières gouttes commencent à perler, glissant lentement vers nos doigts, se mélangeant au mien dans un ballet morbide… Je redresse doucement nos mains et détourne finalement le regard pour plonger dans les yeux de Blyss. Je lui tends nos mains, notre sang… Je range mon poignard et prends son autre main, nous unifiant dans ce rite…

« Vois Kohord… Tu ne sais rien de nous… Tu parles de Blyss, tu parles de moi… Mais tu ignores qui nous sommes devenus… Je n’existe plus Kohord… tu ne sais rien et te complais dans l’ignorance…Mon sang est sien comme le sien est mien… Nous sommes et ni toi ni personne ne changera ce Nous… »

Citation :

Kohörd

« ..Si tu nous offres Blyss, si tu la sacrifies, le pendentif te sera moins lourd, et tu pourras avancer encore sur le chemin des Ombres, et accéder au Twärvalyen...Et découvrir ce que toi seul peux découvrir... »

J’avance la dernière pièce de mon plan, il n’avait aucune chance. Il est là, à se tenir fièrement, il cherche mon regard, celui-là même qu’il n’aura jamais, sa colère va l’embraser et il va échouer…

« Que dis-tu, Ezekiel ? »

Je laisse l’écho de ma voix se disperser dans la nuit, tandis que mon bras armé se relève, et je reprends ma position de Gardien. Je leur montre le Marteau, je reste immobile face au flot de venin qu’il va me déverser inutilement.
Et j’attendrai, le moment où il faillira…car il ne sait pas encore…
Je baisse encore la tête, la protégeant dans ma capuche. Je ferme les yeux et je patiente.

« Vous offrir Blyss… Regarde moi Kohord et lis ma réponse… Pauvre guerrier dément… Un bouffon qui se prend pour un dieu… Voilà ce que tu es à mes yeux…

Oui Ezekiel…

Les terribles ombres qui sèment la mort sur les terres de Sarwyen craignent le courroux d’une sorcière… Pitoyables… Couards… Voilà ce que vous êtes…

…Continue…

« L’ignorance est une seconde nature chez vous… Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de Blyss, tu ne sais rien de Nous ! ! !»

…Laisse ta rage exploser, montre moi, Ezekiel…

« Jamais tu entends, jamais tu n’auras sa vie, pas plus que tu n’auras la mienne… »

...Tu vas me donner bien plus, Ezekiel, bien plus….

« Tu as besoin de sang, alors soit…»

J’ouvre les yeux, laissant échapper deux volutes blanches, j’observe maintenant. Je le vois martyriser sa chair sans broncher, quel étonnant petit särwien…
La sorcière me toise, m’affronte à nouveau, elle veut savoir, elle veut connaître la vérité… mais il est encore trop tôt, chère Blyss…Crache-moi ta pestilence au visage, pourvu que tu sombres, toi aussi, à cause de ton partenaire…

« Qu’as-tu à nous offrir pour nos vies ? »

..Oh mais absolument rien…Ce n’est pas un chantage, c’est une domination...

Le porteur commet enfin l’irréparrable…Il mélange son sang corrompu à celui de la sorcière, il lui insuffle le pouvoir du Treizième, et sa malédiction, celle que j’ai enfermé dans le pendentif.

« Vois Kohord…. »

Je vois…Je vous vois vous unir dans le sang et la douleur, je vous vois accomplir ce que vous vous êtes refusés a faire depuis tant de temps, vous vouliez toucher cet instant plus que tout.
Et votre destin vient de se sceller, sur le chemin des Ombres.

« Alors Kohörd que nous dis-tu maintenant ? »

La sorcière est confiante dans son injonction, elle a le goût du sang, et la rage de son partenaire coule désormais dans ses veines. J’affiche un léger sourire, loin de ma noirceur habituelle.

« Alors, Blyss…C’est terminé. »

Je libère ma main gauche, je leur tends la paume de ma main. Je leur montre le creux qui s’y trouve, je leur montre ce qui pourrait être le symbole du Treizième, mais il est bien plus qu’un symbole.

« Le pendentif que tu portes, Ezekiel…Il fait partie de moi, il est le manquant de mon armure, il est ce trou dans ma main, il est mon pouvoir. Comprends-tu pourquoi nous sommes inoffensifs l’un envers l’autre ?
Le pendentif m'a tout appris sur toi, oserais-tu me traiter d'ignorant à nouveau ?
Mais il y a autre chose…

Mon sourire se fait plus dur, plus froid…Mon regard s’intensifie et je cherche le regard de Blyss.

« Elle, toi Blyss…Tu es notre, Ezekiel t’a sacrifié. »

Mon cœur est aussi noir que l’œil du suprême…

« Tu ne peux supporter mon pouvoir, Ezekiel, peu à peu ton Ombre sur les autres mondes disparaîtra, et n’existera plus qu’au Twärvalyen.
Oui, tu peux parcourir les mondes de l’Univers, tu peux voyager à ton gré…Mais ça a un prix, et plus que tout, en te mélangeant avec elle, en répandant ton sang maudit dans son être…Elle paye le prix aussi, et son Ombre suivra la même route que la tienne…Enfermé au Twärvalyen.

Soyez fiers, car maintenant vous êtes immortels..»

Je les laisse à l'ironie de mes paroles, et je recule de quelques pas, sur le chemin vaporeux. Je sers les dents, je saisis mon marteau à pleines mains.
Mes yeux émettent un brouillard dense et continuel. Je lève mon arme, haut dans les ténèbres, mon regard est braqué sur le socle du marteau, ma bouche s’ouvre et je laisse échapper un hurlement rauque et tonitruant, un hurlement grave qui accompagne mon arme, dans sa descente…
La tête du marteau percute le sol vaporeux, créant une vive décharge électrique, la brume se soulève, se dresse et nous enveloppe tout les trois dans son voile indéchirable….

Noir.

Le ciel est recouvert d’une immensité de nuages sombres, qui voyagent de concert. Le sol, d’un noir vaporeux, semble vivant et tangue doucement au gré de la brise glacial qui souffle continuellement. Au loin, la grande Tour d’Ogmartä se dresse, obscure et imposante, et le seul édifice visible dans ce désert.
Je me dresse toujours devant les deux elfes, ils n’ont pas bougé non plus.

« Bienvenue en Twärvalyen, vous êtes attendus. »