La traque...

Bonnie Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 16/11/2005

Il était une fois un petit clan inconnu qui aurait pu passer aux oubliettes des clans ordinaires. Ils étaient invisibles, leur insignifiance les rendant aussi insipides que leurs propos c’est pourquoi personne ne les gardait jamais en mémoire. Personne jusqu’à ce que par le plus grand des hasards leur existence parvienne aux oreilles de…

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« Blyss… Blyss… »

Cette voix… Mes yeux s’entrouvrent légèrement. La vision qui s’offre à moi me rappelle immédiatement les événements récents. Je me suis écroulée de fatigue à même la table, ma tête reposant sur mes mains. Devant moi sont disposés une fiole contenant un liquide rougeâtre et un paquet enrobé d’un linge qui commence à suppurer. Ezekiel est penché au-dessus de moi. Je me redresse immédiatement esquissant une grimace de dégoût.

« C’est terminé Ezekiel. J’ai gagné notre concours et les réponses sont là ». D’un geste de la main je l’invite à examiner les restes de ma victime du jour.

« Un vulgaire humain… rien d’une ... ». Mon regard se durcit et glisse furtivement aux pieds d'Ezekiel. Rien du tout...Je serre les poings puis après une grande inspiration, pose finalement mes mains à plat sur la table avant de me lever de ma chaise.

Je m’empare des objets et les glisse dans un linge qui viendra alourdir ma besace. J’enfile ma cape et me dirige vers la porte.

« Un humain…un simple humain… vantard… ces fantômes sont vraiment pitoyables… »

A peine le temps d’examiner la fiole que Blyss a déjà glissé le paquet dans son sac. Je n’ai eu que très peu de temps mais il me semble pourtant avoir aperçu une auréole pourpre. Et cette odeur, acre, ce paquet sent la m… Je me plante devant elle, amusé de voir qu’elle a finalement découvert le plaisir des rites. J’essaie de l’imaginer dans un état de transe, tailladant le corps de sa victime. Elle me bouscule et fonce vers la porte.

« J’ai perdu le concours, c’est une chose, mais tu crois vraiment que je vais te laisser filer seule ? »

Je ne lui laisse pas le temps de réfléchir et attrape mon arc. Le temps de me retourner…

… et ma silhouette encapuchonnée s’engouffre dans l’obscurité d’une nuit d’encre. La lune est masquée par des nuages bas et menaçants. Le vent se lève, je dois me presser. Et cette odeur… Et merde...
Je coupe à travers la forêt, le chemin qui nous sépare de cette citadelle sans âge va être long. Je ralentis pourtant mon pas laissant ainsi le loisir à Ezekiel de me rejoindre si l’envie lui prend de savoir enfin la raison de mes longues disparitions, le pourquoi de cette longue traque qui vient de se terminer aujourd’hui.

Depuis quand sommes-nous à leur recherche ? Depuis quand me suis-je mis en tête de les détruire un à un jusqu’à ce que je trouve leur chef ? Tout s’est accéléré dernièrement. L’étau sur eux s’est resserré et je n’ai eu aucun scrupule à les exterminer les uns après les autres, chaque soir, à manœuvrer dans l’ombre pour voir leurs têtes tomber ou mordre la poussière. A force de les observer, d’apprendre tout d’eux, mon dégoût n’a fait qu’augmenter petit à petit jusqu’à se libérer pleinement à chacune de nos rencontres. Je me revois les enflammer un à un, je me revois laisser le goût de la colère, cette colère propre à Ezekiel, m’envahir de plus en plus, jusqu’à contrôler pleinement mes actes emplis de sauvagerie à leur encontre.
En ai-je réellement terminé avec eux ?

Ezekiel ne me rejoins toujours pas alors que la silhouette de la citadelle se découpe au loin. Je sens sa présence non loin de moi, je ne me retourne pourtant pas. S’il veut savoir il sait ce qu’il doit faire. Peu importe qu’il connaisse leur cachette, il saura tout ainsi.
Je m’infiltre rapidement dans les dédales de cet endroit indescriptible. J’en connais chaque recoin et me faufile aisément dans la pénombre. J’ai appris à connaître l’obscurité depuis que mon ombre elle-même n’est plus de ce monde. D’un pas leste je passe le péristyle et me présente dans leur caverne. L’autel se trouve en retrait, j’y retrouve tous les messages laissés par moi, accompagnés des insignes ensanglantés. Je dispose à coté de ces objets le contenu de ma besace, sort un parchemin, une plume et la trempe dans le liquide rouge de la fiole. Je couche quelques mots sur le papier sans apposer de signature, ils ne doivent pas savoir, pas encore, puis le plie en quatre et le dépose aussi sur l’autel avant de m’évaporer de nouveau dans les ténèbres et de sortir retrouver Ezekiel.

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