L’auberge…un carnage… le même sentiment de vide…un rapide coup d’œil sur ce désastre, tout menace de s’écrouler sur ma tête, malgré tout j’arpente ce sol mis à mal… cette luminosité rougeoyante, les rais de soleil font reluire ces tâches sombres aux contours carmin et ces restes épars projetés çà et là … encore une fois…j’étais là… cette traînée de sang… l’humaine, elle n’est plus là…je l’avais brûlée vive puis je l’ai laissée pour morte…mais je n’en avais pas fini… non cette sensation désagréable… elle non plus n’était pas pour moi … j’ai claqué la porte… et je suis allée…souviens-toi fillette…non je n’y suis pas allée, j’étais dans les ténèbres… et…
La porte de l’auberge avait claqué dans un bruit retentissant, laissant la sorcière humaine seule dans ce lieu désert, sa peau crépitant et craquelant déjà de ces brûlures infligées. Cette traque entreprise depuis quelques mois commençait à l’épuiser, elle tuait sans se soucier de ses proies dans l’indifférence et l’insatisfaction la plus totale, toute mort était désormais insignifiante, seule la leur comptait, pourtant celle-ci revêtait un sens particulier.
Elle avançait le visage fermé, les yeux perdus dans ses propres pensées, elle n’en avait pas fini avec l’humaine. Des frissons vinrent parcourir sa peau, la cadence de sa marche se ralentit. Son regard se dirigea avec lenteur vers le soleil, ses pupilles se rétractèrent instantanément, ses yeux s’enflammèrent puis l’émeraude laissa place à un voile de brume. Elle ouvrit les bras, embrassant de la sorte les ténèbres qui s’offraient à elle et elle se vit arpenter de nouveau ce chemin dans l’obscurité, seulement cette fois, elle avait vu, elle savait, se souviendrait-elle ? Des mélopées d’un langage jusqu’alors inconnu s’échappèrent de ses lèvres entrouvertes. Elle sentit son énergie s’engouffrer hors de son corps et s’entremêler avec ce chant dans une danse fugitive qui les mènerait vers le colosse.
Peu de temps après, elle revenait peu à peu à elle lorsque la porte de l’auberge vola dans sa direction, des bris de vitres vinrent lui érafler légèrement la peau et les murs tremblèrent. Quand elle fut entièrement en possession de son corps, le calme était revenu, elle était apaisée mais vide de toute force. Seuls lui restaient un lointain goût métallique de sang dans la bouche et ces souvenirs épars. Blyss qu’as-tu fait ? Les sourcils froncés elle pénétra de nouveau dans l’auberge.