Le jour où les locaux de la presse furent saccagés...

La nuit étoilée pour seul chapeau, les brasiers ardents pour seul manteau, deux amoureux échangeaient un baiser interminablement langoureux dans le coin d’une des artères du faubourg. Autour d’eux, le temps semblait suspendu, l’atmosphère aussi légère qu’une nymphe dans son plus simple appareil , on n’aurait pu penser en cet instant que la guerre allait éclater quelques pâtés de maison plus loin.

Il était pourtant bien tard, et malgré les événements de ce soir, nombre de chalands, au sortir d’un spectacle fort comique et novateur, put assister à cette étreinte qui semblait si passionnée. Et ce fut par regards admiratifs, détournés ou indignés qu’ils suivirent ce moment intense tout en se dispersant rapidement dans leurs demeures et en en discutant à demi mots.

Il faut dire qu’une telle fougue se dégageait de ces enlacements désinvoltes et impudiques que plus d’un badaud en fut soufflé au premier regard. Mais surtout, une fois n’était pas coutume, l’homme était plaqué au mur par la fille qui semblait dévorer son amour corps et âme. Ses mains à lui d’abord hésitantes s’aventuraient plus bas dans le dos. Surpris par sa partenaire entreprenante, il s’était laissé emmené dans ce voyage d’un moment, puis reprenait peu à peu ses marques.

Une fois la foule disparate et curieuse éparpillée, elle se défit de cette étreinte en ôtant les mains de l’elfe de son corps et en le repoussant quelque peu sèchement. Puis elle se passa le revers de sa main sur sa bouche.

« Ne te fais pas d’idées. On ne pouvait pas les tuer tous, ni s’en débarrasser autrement. Avec la guerre qui court à deux pas d’ici, on aurait trop attiré l’attention. Bon je suis prête, j’ai les affiches que j’ai décrochées ça et là, on y va ? » chuchota la demi elfe.
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Citation :

Ezekiel

Il lui sourit, son audace l’avait quelque peu surpris mais il s’était laissé prendre au piège, oubliant le danger tout proche, délaissant le but même de leur présence dans ces lieux.

« Que la fête commence ! » lui glissa-t-il à l’oreille.

Rabattant la capuche de sa cape, l’elfe se glissa dans la ruelle. Quelques tâtonnements et la porte avait cédé, leur laissant le champ libre. Il siffla doucement et pénétra dans la pièce. Quelques secondes plus tard, Blyss fit son apparition, arborant un large sourire. Il balayèrent la pièce d’un regard, tout était là, les presses, les caisses de papier, les bidons d’encre…

Ils se mirent au travail, le temps pressait et il leur fallait faire très vite. Blyss rassemblait les caisses tandis qu’Ezekiel faisait des allers-retours pour charger la charrette cachée dans la ruelle. Quelques minutes plus tard, les presses furent chargées, rejoignant le matériel déjà dérobé.

L’elfe attrapa une torche, l’enflamma et la tendit à Blyss.

« A toi l’honneur ma chère ! »

Elle ne se fit pas prier. Attrapant la torche, elle se dirigea vers le fond de la pièce et enflamma une caisse de papier ouverte soigneusement pour l’occasion. Les flammes crépitèrent rapidement, illuminant les mines réjouies des deux incendiaires, réchauffant l’atmosphère. Ils contemplèrent quelques secondes leur œuvre avant de sortir.

Blyss sortit un rouleau de parchemin de l’arrière de la charrette qu’elle déroula en souriant. L’elfe enduit les murs de vase de blob, poisseuse à souhait, cette substance faisait une excellente colle. Elle prit une affiche qu’elle plaqua soigneusement au mur puis saisit le sceau de peinture que l’elfe lui tendait. Elle décora le papier et recula de quelques pas, mains sur les hanches, contemplant son chef d’œuvre…




« Il est temps de filer, les gardes ne vont pas tarder. »

Bondissant dans la charrette, Ezekiel tandis la main à Blyss. Souriante, elle esquissa une révérence, saisit sa main et vint s’asseoir à ses côtés. Un dernier coup d’œil à la battisse enflammée, et l’elfe décocha un magistral coup de fouet à l’ours qui s ‘était assoupi.

« A toi de jouer mon vieux. »

Réveillé de la sorte, l’ours poussa un grognement sourd avant de détaler à toute allure, entraînant dans sa course folle l’attelage brinquebalant. L’équipage s’arrêta à de nombreuses reprises pour décorer les murs de la ville, s’immobilisant pendant quelques minutes devant les locaux du « Sarwyen Post » qui subirent le même sort que ceux du « Pigeon Sarwyen » avant de s’évaporer dans la nuit…

Citation :

Chill

C’était une belle nuit étoilée qui commençait. Je sortais de la très célèbre émission question pour un pochtron, ou certes je n’avais pas brillé, mais le but n’était pas là, j’y allais plutôt pour me divertir, boire une ou deux bières et pouvoir discuter avec des gens cultivés. Je fut néanmoins surpris de pouvoir fournir des bonnes réponses et ainsi obtenir le tant convoité pass pour la super finale qui aurait lieu d’ici quelques lunes. C’est dans cette atmosphère détendue que je décidais d’aller faire un tour en ville avant de me rentrer.

Je déambulais sans but précis dans les rues de la ville, profitant de l’air frais. J’arrivais bientôt dans une rue fort fréquentée pour l’heure. Malgré l’agitation environnante, je ne pu m’empêcher d’observer un couple en train de s’enlacer contre un mur. L’homme avait l’air complètement soumis et ne savait pas trop comment réagir face à tant de fougue et d’audace…
Tout en avançant, je continuais à les observer avec insistance. Je reconnus bientôt les cheveux et la nuque de la jeune fille que j’avais devant moi pour l’avoir déjà croisé, et avoir déjà discuté avec elle. Ce n’était autre que Blyss… et son compagnon… nan ce ne pouvait pas être possible… je devais avoir trop abusé de cette si bonne bière un peu plus tôt dans la soirée, mais il me semblait bien reconnaître Ezekiel. Ayant dépassé le couple, je pu entrapercevoir le regard de l’homme, et à ma plus grande surprise il s’agissait bien d’Ezekiel qui été caché derrière elle, écrasé contre ce mur.
A ce moment, ma main ne pu s’empêcher d’aller toucher machinalement mon épaule gauche, endroit où quelques jours auparavant y figurait encore un résidu de cicatrice, vestige d’une flèche reçue de la main même d’Ezekiel. Cette blessure était maintenant cicatrisée, mais j’avais la rancune tenace…

Je décidais de me cacher dans l’obscurité pour mieux voir ce qu’allaient faire ce couple recherché…
Je les vis alors saccager un journal, et y mettre le feu, puis j’entendis leur chariot partir en trombe. Je compris que les gardes allaient arriver très vite, et donc qu’il ne fallait pas traîner dans les parages.

Plusieurs rues plus loin, je vis alors sur un mur une affiche sur laquelle était inscrite Wanted Journal Dissident ; je compris alors immédiatement ce qui était en train de se passer, car j’avais eu vent de leur projet par la bouche même de la charmante Blyss…

Le lendemain, en apprenant que les deux journaux avaient été saccagés et brûlés, je ne vis qu’une seule solution pour mener à bien un projet que j’avais à cœur : rencontrer les 10 000 Gopis reward, afin d’avoir accès aux seules presses encore en service dans cette ville. Je décidais donc d’envoyer une missive à Blyss et Ezekiel pour leur faire part de mon projet…



C’est ainsi que j'enroulais le parchemin sur lequel j'avais écrit, et que je l’accrochais à mon plus fidèle compagnon, un rat nommé Otchum, en lui disant d’aller trouver Blyss et Ezekiel…