10 000 Gopis Reward

Il avait les nerfs d’un écorché vif. Ses faiblesses faisaient écho aux miennes et je détestais cela. J’exècre cette médiocrité, les bons sentiments me donnent la nausée car tout cela m’attire dans ce gouffre sans fond, et j’ai envie de tout sauf de rencontrer mes démons, je tiens trop à ma vie pour ça.
Il pouvait faire preuve d’autant de mépris et de cynisme que moi, il y avait quelque chose de doux en lui et de déstabilisant. Pour autant je ne lui ai jamais demandé d’où lui venaient toutes ces cicatrices, tout comme lui n’a jamais cherché à savoir ce qui m’avait arrangé l’âme de la sorte.

Deux égarés ensemble joli portrait.

Aussi semblables étions-nous, lui devant une femme, il était désemparé, c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés.



Bunny - Ils ont tous les deux levé leurs armes en l’air. Enfin, lui il avait un arc, et elle, c’était un bâton d’où jaillissaient des étincelles. Des elfes, oui c’est ça. Non pas noir, c’est pas toujours les elfes noirs je crois faut pas abuser. Enfin des elfes, pour elle je sais pas trop… quoique … si ses oreilles aussi étaient pointues, un peu…

Journaliste - Eux deux ? lui demanda-t-il en brandissant des affiches.

- Oui.

Elle pointa les portraits du doigt à plusieurs reprises.

- Oui oui c’est eux. Oh mon dieu - dit la jeune femme dans un sanglot - On aurait jamais cru, ils étaient là comme nous à attendre leur tour, on aurait jamais dit…

- Oui oui je comprends madame, et ensuite, s’impatienta-t-il.

- Ben…ensuite ils nous ont dit de nous mettre à terre. Mais c’était bizarre quand même. On s’est exécutés mais ça tournait pas rond, on comprenait plus rien….

- Oui effectivement, dans ces moments-là…

- Non non… elle murmurait presque mais on avait très bien compris ce qu’ils voulaient, de toute manière ils disaient pareil…

- Alors qu’y a-t-il d’étrange ? Sa voix ?

- Mais non non…

Elle réprima un sanglot et renifla bruyamment. Elle passa ensuite sa main sur son nez, histoire d’empêcher ce qui n’avait pas été rattrapé de tomber plus loin. Même dans ces moments on a le droit de garder un peu de dignité. Pris de pitié il lui tendit un mouchoir. elle se moucha tout aussi bruyamment avec l'énergie de la personne qui vient de se libérer d'un lourd fardeau.

- Alors ? fit-il quelque peu dégoûté.

- Ben alors en fait… ils se sont dévisagés comme s’ils se découvraient… et après c’était pire pour nous… ils allaient faire quoi ? on savait pas.... elle était furieuse, ça s’entendait pas dans sa voix mais ça se voyait… et lui…

- Quoi ? ils se connaissaient pas ??



Blyss eut la désagréable sensation d’entendre quelqu’un parler en même temps qu’elle. Pire que tout ces mots avaient été les mêmes. Elle se retourna pour le voir, lui aussi menaçant, l’arc bandé prêt à décocher une flèche.
Elle plissa les yeux et pinça ses lèvres, contrariée, et se mit à le pointer de son bâton.

- Le premier qui bouge n’aura plus rien à raconter à ses proches. Toi, que veux-tu ? Ne joue pas au héros mon mignon. Ça m’écorcherait de t’amocher ce visage d’ange égaré.

Citation :

Ezekiel

Il sauta sur la table, l’arc à la main, l’air menaçant. Aux aguets, il attendit quelques secondes avant de d’ordonner aux clients de la banque de se débarrasser de leurs bourses encombrantes…

- Mesdames et Messieurs, je vous demanderai de bien vouloir poser les uns après les autres vos bijoux et bourses sur cette table, rassurez-vous, j’en ferai bon usage…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phase qu’une voix féminine emplit la pièce. Le ton de la jeune elfe était menaçant, elle semblait déterminée, bâton en avant, prête à le foudroyer en un clin d’œil...


Bugs - Lorsqu’ils se sont fait face, l’atmosphère semblait chargé d’électricité. Tout le monde les observait sans oser bouger le moindre sourcil.

Journaliste - Vous êtes en train de me dire qu’ils étaient tous deux venu dans le même but mais chacun de leur coté ?

- C’est cela oui, les regards qu’ils échangèrent pendant de longues secondes en dirent long sur leur détermination…

- Que s’est-il passé ensuite ?

- Et bien, ils ont eu l’air de s’entendre, acceptant par dépits de ne pas pouvoir faire cavalier seul, faisant contre mauvaise fortune.... C’est au moment où ils ont posé leur regard sur nous que j’ai serré la main de Bunny, j’ai bien cru que notre dernière heure avait sonnée…

- Ils semblaient déterminés à voler mais pas à tuer, alors pourquoi ce cadavre ?



Un bruit de chaise attira l’attention du jeune elfe, en une fraction de seconde, il se retourna vers Blyss et décocha la flèche. Elle passa si près d’elle qu’elle transperça le bas de sa robe avant de se loger dans la gorge de l’homme qui avait osé se lever. Il lâcha son poignard et porta ses mains à son cou, tentant de stopper l’hémorragie.

Le sang jaillissait par petits jets entre les doigts du malheureux. Les yeux exorbités, il comprit… Le bas de la robe de la jeune femme se teinta écarlate, souillée de sang. Il s’effondra sur une chaise avant de tomber au sol dans un bruit sourd.

Déjà l’arc d’Ezekiel était prêt à semer de nouveau la mort.

- Je suis désolé pour ta robe jeune demoiselle, mais je préfère y voire le sang de ce porc que le tien…

La scène avait été fulgurante. Elle ne prit pas la peine de se retourner tellement le sort de l’importun lui semblait scellé. Elle jeta un œil à sa robe et y vit une tâche grandissante. Elle leva les yeux vers l’archer et le dévisagea quelques instants qui parurent très certainement des minutes pour les spectateurs malgré eux de la scène.

Il était là devant moi, fier de ses actes. On aurait d’ailleurs pu les qualifier de chevaleresques si la situation avait été différente. Il me narguait presque de son sourire angélique, lui qui venait de tuer un trouble fête. Il jetait des coups d’œil furtifs dans tous les sens. Et moi je le dévisageais, je suivais les courbes fines de son visage enfantin, mon regard parcourut le contour de ses longues oreilles. Puis nos regards se croisèrent, et nous nous plongeâmes dans cette tentative de contemplation de nos âmes respectives. Ses yeux ne se donnaient pas la peine de scruter tant ils pénétraient. Un affrontement silencieux eut lieu, il dura quelques secondes mais sembla interminable.



Journaliste - Ah donc, c’est pour sauver sa comparse !s’écria-t-il victorieusement.

Bunny et Bugs - Oui… Non, enfin comme on a dit, ils étaient peut être pas ensemble, dirent-ils d’une même voix.



Il semblait tout aussi déterminé qu’elle, et elle comme lui n’entendait pas lâcher prise. Alors elle fit la moue et lui adressa un « ok c’est parti, que la fête commence » qu’il comprit immédiatement comme un top départ de connivence.
Tout le monde semblait avoir compris la leçon et s’était sagement aplati au sol. Elle circula dans la grande salle, enjambant les personnes, les observant rapidement, puis s'arrêta devant un couple. Ils s'étaient accroupis et l'homme protégeait sa compagne de ses bras musclés.



Bunny - On se faisait tout petit... mais à un moment, elle s'est arrêtée devant nous, quand on a vu son pied tapoter le sol sous nos yeux, on a levé la tête, elle avait les yeux rivés sur nous, froids et obstinés... oui c'est ça...

Elle commença à se blottir contre son ami, prise de légers tremblements. Le journaliste commençait à farfouiller dans sa poche à la recherche d'un autre mouchoir à donner.

Journaliste - Pourquoi vous ? Vous savez ?



Elle détourna son regard du couple et les désigna du menton à l'intention d'Ezekiel. Sans même sortir un son de sa bouche, elle l'interrogea quant à son choix, tout se fit par un simple haussement de sourcil. Puis elle se dirigea vers le comptoir de la banque et bondit face au banquier.

- Epargne le reste de ma tenue, ça m’embêterait de voir plus de sang sur cette étoffe délicate. Ouvre le coffre que je m’en offre une autre. Hâte toi ! » le pressa-t-elle d’une voix égale mais menaçante.

Citation :

Ezekiel

En un clin d’œil, elle avait obligé le banquier à se relever en le tirant par l’oreille comme elle aurait puni un enfant qui aurait fait une grosse bêtise. Je la regardais, amusé par la légèreté de ses mouvements qui contrastait avec la gravité de chacun de ses actes. Tout en surveillant nos otages, je l’espionnais du coin de l’œil. En d’autres circonstances, dans un autre lieu, j’aurais sans doute essayé de l’aborder, son visage glacial m’intriguait, m’attirait…

Menaçante, elle tenait maintenant le banquier en respect. Il baissait la tête, terrorisé. Pourtant, il ne bougeait pas, la peur de perdre le magot qu’il avait amassé semblait plus forte que celle de mourir. Il ne parlait pas, il attendait, espérant la clémence de ses agresseurs. Il fallait débloquer la situation rapidement. Ezekiel sauta de la table et bondit sur le comptoir. Il pointa sa flèche vers une femme allongée au sol.



Journaliste - Il ne s’est pas contenté de tuer un homme, il lui fallait encore du sang ?

Bunny - Je ne crois pas, je pense que l’elfe avait repéré les échanges de regard entre le banquier et la jeune femme. Il pensait sans doute que si l’amour du banquier pour l’argent passait avant sa propre vie, son amour pour une femme le ferait réagir…



- Voilà ce que je te propose, ou tu ouvre ce coffre, ou tu perds tes clients. J’ai là un morceau de premier choix – dit-il en souriant en désignant la femme qui tremblait de tous ses membres – Je te laisse une minute pour faire ce que t’as demandé cette jeune demoiselle. Passé ce délai, cette femme n’aura plus à venir faire la queue dans ton établissement…

Son visage s’était refermé, ne laissant transpirer la moindre émotion. Impassible, il fixait le banquier, bandant son arc lentement, avant d’infliger la sentence promise… Consciente que l’elfe ne reculerait pas, elle s’était agenouillée, les mains jointes, le suppliant de l’épargner….



Bugs - Le temps défilait rapidement et le banquier semblait paralysé par la peur, pas un mot, pas un bruit ne venait troubler ce cauchemar. Je priais pour qu’il les écoute, qu’il leur donne ce qu’ils étaient venus chercher, pour cette femme, pour Bunny aussi… S’il l’abattait, qui serait le suivant sur la liste…

Comme je m'en doutais, son regard acéré savait déceler les moindres secrets. Cette femme était un choix de premier ordre. Seulement cet imbécile de banquier était maintenant paralysé par la terreur. Tant de manières de réagir à la peur existent et lui avait choisi celle-ci. Nous étions bien avancés. Il fallait accélérer les choses sinon les autorités allaient intervenir. Et cette humaine qui ne cessait de pleurnicher, mes oreilles en étaient agacées. Allait-il passer à l'acte, froidement, allait-il conserver son sourire après cela ? Il était temps d'agir rapidement.


Bunny - Oui quand on a mis les pieds sur les lieux, le banquier et elle avaient l'air de roucouler.... d'ailleurs on était assez impatients de se faire servir mais toute son attention était pour elle... faut croire qu'ils en avait eu marre eux aussi de ce manège....

Elle esquissa un sourire timide, gênée par cette note d'humour en pareille circonstance, puis renifla bruyamment.



Le banquier en proie à un cruel dilemme ne cessait de balbutier des mots incompréhensibles. La sueur coulait sur le gras de ses joues et son regard faisait des va et viens interminables entre la femme menacée et les braqueurs. Blyss s'impatientait, ses yeux se plissèrent, le tapotement nerveux au sol stoppa sèchement, sa décision était prise.

- Soit, elle sera peut être sauve, mais toi je ne garantis rien.

Elle déposa un baiser sur le front de l'homme puis se recula d'un pas. Un éclair surgit de son bâton et vint se planter dans le front du dirigeant de l'établissement. Une fumée noirâtre s'échappa de l'impact, les yeux du banquier s'écarquillèrent sous le choc et se figèrent instantanément. Il tomba en avant dans un bruit sourd et mat. Depuis le début peu de son osait se profiler à l'horizon mais là le silence se faisait retentissant.

Elle se tourna vers l'archer et lui sourit.

- Problème réglé.

Puis à l'attention du couple qu'elle avait indiqué à Ezekiel.

- Vous deux par ici. Fouillez moi ce corps, à deux ce sera plus simple pour le soulever ce lourdaud et trouvez moi cette clé, plus vite ce sera fait plus vite vous sortirez de nouveau tranquilles.

- Tous les autres maintenant restez aplatis dans ce coin-là. Elle leur indiquait la porte d'entrée de l'établissement.



Bugs - Oui comme ça, comme si elle avait claqué des doigts. Autant lui était redoutable, autant elle semblait impitoyable. Pourtant elle sans lui aurait sûrement été moins intimidante et peut être vice versa, mais bon je dis ça après coup moi... sur le coup c'était rude....

Journaliste -Mais je croyais que le banquier était toujours vivant et vous me dîtes qu'il est mort sous vos yeux ?

Le journaliste commençait à fouiller nerveusement ses fiches.

Bugs - Non non vous avez raison, il est juste à l'hospice, car il n'a plus toutes ses facultés, donc il est bien vivant à l'extérieur mais à l'intérieur...

Citation :

Ezekiel

En une fraction de seconde, elle avait calciné les neurones de ce porc de banquier qui préférait l’or à la vie. Ce n’était pas une grosse perte il faut le reconnaître… Mais cette fois, le ton était donné. Je lui décochai un sourire…

- Mademoiselle sait parler aux hommes…



Bugs - Tandis qu’elle nous surveillait dans notre travail funeste, lui surveillait la salle, jetant de temps à autre un coup d’œil dans sa direction. Son calme était bien visible mais il ne semblait pas pour autant serein… Il semblait se méfier d’elle.

Journaliste - Se méfier d’elle ? de son associée ?

Bunny - Vous êtes bien un homme… Vous ne comprenez donc pas ? Ils n’étaient pas associés à proprement parler mais plutôt par la force des choses. Chacun surveillant l’autre, ne lui tournant jamais le dos.




Après quelques minutes, la femme se releva, tremblante de tous ses membres et leva la main vers Blyss une clé à la main. Elle l’attrapa d’un geste dédaigneux en la toisant…

- Allez dégagez maintenant, à plat ventre avec les autres !


Bugs - J’ai attrapé Bunny par la main et l’ai entraînée vers les autres. Nous nous sommes allongés sans un mot, espérant juste qu’ils nous laisseraient en paix.



Voyant que Blyss contemplait la clé avec un éclair dans les yeux, Ezekiel lui arracha des mains et se rapprocha du coffre. Il se retourna vers elle, plongeant son regard dans les yeux vert émeraude qui le menaçaient. Après quelques secondes d’hésitation, il déposa son arc au sol, sa vie aux pieds de Blyss et ouvrit lentement le coffre qui débordaient d’or…

Ses yeux… N’importe qui se serait damné pour plonger comme je le faisait dans son regard. Brillant de haine, de rage, et pourtant si attirant… Je ne sais pourquoi mais, je lui faisais confiance… De toute façon, il fallait que l’un de nous dépose les armes pour ouvrir ce coffre, et je ne pouvais garder l’arc à la main alors qu’elle serait désarmée…

Son regard avait changé, il me jaugeait, me sondait mais maintenant il était différent. Quel étrange coup du sort nous avait mis face à face en cet instant précis ? Ses yeux perçants s'étaient éclairés d'une autre lueur. Qu'avait-il vu en moi pour m'offrir sa vie ainsi ? Qu'importe, je n'avais pas de temps à perdre et lui objectai mon regard insoumis.

Les portes du coffre se mirent à grincer. Le son strident se propagea dans toute la salle et vint alimenter un peu plus l'angoisse profonde qui étreignait chaque témoin. A mesure que le contenu se dévoilait à eux, le rythme de son cœur s'accéléra.



Bunny - Ils se sont concertés quelques instants. C'était très stressant parce qu'il n'y avait plus un bruit, vraiment... Juste leurs chuchotements... on savait pas trop si on était tirés d'affaire...


Elle s'approcha de lui l'œil toujours rivé sur les otages. Ses lèvres vinrent presque au contact de ses oreilles. Il eut un vif mouvement de recul et sa main alla se poser instinctivement au sol non loin de son arc. Une vague ondulante vint s'inscrire sur le coin des lèvres de la demie elfe, comme un léger remous dans une eau calme, marquant ainsi son amusement. Puis un flot léger de paroles elfiques s'en échappèrent.

- Bon... Nous n'avons pas le choix je crois, il va falloir faire moitié moitié. Ne tente rien que je puisse te faire regretter. J'ai déjà un plan pour sortir...


Bugs - Ca a bien duré quelques minutes...

Journaliste - Mais ce que je ne comprends pas, c'est à l'extérieur. Il y avait bien des gens qui devaient attendre... et vous à l'intérieur vous n'auriez pas pu leur faire un signe ?

Bugs - J'aimerais bien vous y voir, objecta-t-il violemment. Deux personnes sont abattues de sang froid sous vos yeux... vous croyez que vous raisonnez calmement ? Vous et vos grandes idées de gratte-papier ! Et puis ça arrivait souvent que la banque reste fermée sans qu'on sache pourquoi... Enfin maintenant on sait pourquoi, conclua-t-il pensivement. Il avait en tête l'image de ce banquier et de cette jeune femme menacée.



Pendant qu'il s'emparait de l'or et le répartissait, elle les somma tous de ramper jusqu'à l'arrière boutique et de se tasser dans un débarras assez vaste pour une dizaine de personnes. Ils obéirent tous bien sagement. Elle bloqua la porte en bois et revint vers lui. Elle surveilla le partage du butin puis défit sa ceinture laissant échapper les plis de sa robe. Elle aggripa les sacs confectionnés par son nouveau complice, les entoura de chiffons qu'elle sortit de sa besace et fourra le tout sous sa robe à la hauteur de son ventre. Elle agrafa sa ceinture plus bas sur sa taille et fit quelques mouvements brusques afin de s'assurer que tout était bien en place. Elle réajusta à plusieurs reprises son nouveau ventre si précieux et jeta un oeil à Ezekiel. Il était prêt lui aussi. Il lui offrit un sourire rayonnant, ce genre de sourire pour lequel n'importe quelle jouvencelle aurait déposé tout son corps et son âme en offrande.

Dieu qu'il était agaçant avec cette assurance crâne! Son regard pétillant et chaleureux... Il m'attrapa la main et m'entraîna à l'extérieur par la grande porte. Juste avant d'en franchir le seuil j'aperçus son clin d'œil complice et rassurant. Je n'eus pas le temps de reprendre mon souffle que nous étions projetés face à eux, dans la foule, la mêlée, soumis à des regards interrogateurs. Je sentis une sueur froide parcourir tout mon corps et je dus certainement blêmir devant tant de gens. J'eus un mouvement de repli et ma main vint se placer devant mon visage comme pour les éloigner de moi, mon autre main étant fermement ancrée à mon ventre.
L'on se rapprochait de moi pour voir si j'allais bien. J'exhibais alors les pans de ma robe maculés de sang. "Non aidez-les, regardez ce qu'ils ont fait, ils ont tué deux hommes, ils vont tous mourir" dis-je d'une voix étranglée. Leur regard se tourna vers la banque, hésitants. Qu'allaient-ils faire ? Le bluff allait-il marcher ? De mon côté je devais me contenir, ne pas craquer, ne pas me jeter à leur cou.

Citation :

Ezekiel

Il tenait fermement sa main, essayant de garder son calme. Tout le monde les regardait sans même se soucier de comment ils avaient fui. Le ton de la voix de Blyss les conforta dans l’idée qu’ils étaient bel et bien victimes. On les fit reculer, s’éloigner de la banque pour les mettre à l’abri. Les gardes entouraient la banque, bouclant chaque issue. Une femme tenta de prendre Blyss par le bras pour la mettre plus à l’abri. Ezekiel passa son bras sur les épaules de sa nouvelle partenaire, il la serra contre lui, leur réussite dépendait de leur union. Si l’un des deux flanchait, leur plan tombait à l’eau.

Elle jouait son rôle à merveille, sanglotant plus vrai que nature. Je la serrai contre moi, comme un mari aurait protégé sa femme. Mal à l’aise, j’essayais de rester naturel, mais heureusement pour moi, tous les regards se posaient sur cette jeune elfe au ventre arrondi. Elle avait le don d’effacer tous sentiments de culpabilité d’un simple regard.

Dans la banque, la bougie allumée par Ezekiel pendant que Blyss attachait les sacs termina de se consumer. Lorsque la flamme chauffa la poudre de la coupelle, une gerbe d’étincelle jaillit et enflamma les traînées de poudre qui parcouraient le sol. En un instant, la salle principale de la banque s’embrasa. Pris de panique, les clients enfermés se mirent à hurler. A l’extérieur, leurs cris sonnèrent l’alerte, des gardes se ruèrent à l’intérieur pour les libérer. Les gens agglutinés devant la banque se mirent à courir dans tous les sens, ramassant tout ce qui pouvait contenir de l’eau. Une chaîne humaine se mit en place pour éteindre l’incendie tandis que les gardes ressortaient suivis de près par les otages.

J’eus un haut le cœur en voyant leur pseudo humanité prendre le dessus. Les otages étaient sortis, presque sains et saufs. La seule chose qu’ils cherchaient à récupérer était leur or. Ce monde ne changera donc jamais. Même pas capable d’assumer ses choix….

Les deux elfes en profitèrent pour s’éloigner discrètement, têtes baissées, feignant d’être blessés. Dans cette cohue, ils passèrent inaperçus. Les gardes en avaient même oublié les braqueurs. Quelques secondes plus tard, le couple disparut dans une ruelle.



Bugs - Nous avons eu la peur de notre vie. Lorsque les flammes sont passées sous la porte, nous n’avions plus qu’une idée en tête, fuir. Sans l’intervention des gardes, je crois que Bonny et moi ne serions pas ici à vous raconter cet épisode. Quand nous sommes arrivés à l’extérieur, il m’a semblé reconnaître leur silhouette s’éloigner. Bonny aussi les a reconnus. J’allais prévenir les gardes quand elle m’a glissé à l’oreille : « Laisse-les Bugs, ils auraient pu nous tuer aussi… »